La perversion narcissique
Le terme de « perversion narcissique » a été utilisé la première fois en 1986, par le psychanalyste français Paul-Claude Racamier qui définissait cette pathologie comme « la propension active du sujet à nourrir son propre narcissisme aux dépens de celui d’autrui ». D’autres auteurs ont depuis repris ce terme pour décrire une psychopathologie reposant sur la manipulation mentale, et permettant à un individu d’exercer une emprise sur un autre.
La notion est explicitée par Alberto EIGUER dans « Le pervers narcissique et son complice » (Ed. Dunot) lequel démontre qu’il s’agit bien d’une affaire interactive et donc relationnelle, les espaces psychiques sont transgressés.
Racamier a également bien signifié qu’il parlait des « mouvements pervers narcissiques » au pluriel, décrivant des processus interpersonnels, relatifs aux familles et aux groupes, non assimilables à un processus intrapsychique.
Hurni et Stoll font la même démonstration dans leur ouvrage : « La haine de l’amour – la perversion du lien » (L’Harmattan) et consacre notamment un chapitre aux développements psychosociaux, s’agissant d’observer comment les organisations et les groupements peuvent être infiltrés par des individus pervers narcissiques, notamment des associations, des partis politiques, et plus particulièrement encore des groupements sectaires.
La notion de harcèlement moral, décrite par Marie-France Hirigoyen en 1998, a mis en lumière un type d’acte, qualifié d’actes de « harcèlement moral » et pouvant être le fait du personnage préalablement décrit comme « pervers narcissique ». Cette notion est utilisée en droit social et en droit pénal puisqu’elle correspond à des agissements précisément décrits par les dispositions légales correspondantes. La question probatoire est toujours majeure dans ce type de dossiers.
Le trouble de la personnalité narcissique
Ce trouble de la personnalité dit « personnalité narcissique » « Narcissistic Personnality Disorder » entre dans la classification des troubles de la personnalité décrits dans le DSM 5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) et qui se caractérise par un besoin excessif d’être adulé et une forte tendance à la mégalomanie et à l’égocentrisme. En outre, le sujet narcissique montre un faible degré d’empathie.
Le terme perversion (action de détourner quelque-chose de sa vrai nature » est donc absent de l’analyse du DSM 5.
Les deux notions « perversion narcissique » et « personnalité narcissique » bien qu’issues d’analyse différente, l’une plus psychanalytique que l’autre, recouvrent la même structure de personnalité bien qu’il y ait débat parmi les spécialistes.
Aux États-Unis le concept bien connu de malignant narcissist est proche de celui de perversion narcissique. Est également utilisé le concept de narcissistic psychopath.
En tant que praticien du droit de la famille et donc du fonctionnement intrafamilial notamment au moment de la désunion et de ses conséquences sur le conjoint et les enfants, la notion de processus interpersonnel nous intéresse particulièrement car c’est précisément ce que nous aurons à éclairer dans la procédure, lorsqu’un de ces cas se présentera, de façon à mettre en lumière les dommages causés au conjoint victime et aux enfants et les dangers réels auxquels ces personnes sont exposées.
Dans la pratique, nous constatons qu’il y a des degrés de gravité différents. A l’usage on distingue bien en effet, des sujets ayant une personnalité narcissique, qui sont porteurs de traits de grandiosité et d’estime de soi défaillante, dénués de scrupule avec une propension à l’exploitation d’autrui, mais néanmoins encore susceptibles de sentiments et d’attachement envers leurs enfants notamment.
On doit reconnaitre également les sujets bien plus gravement atteints car non accessibles aux sentiments, aux affects et auxquels nous attachons le terme « pervers narcissique ».